mardi 27 octobre 2015

Petit mode d'emploi à l'usage de ceux qui savent pas comment faire


Bon...
Assieds-toi, faut qu'on parle.
Oué, c'est encore à propos de ce truc, là...
D'habitude, j'en parle pas, mais là, j'en profite parce que pour quelques jours encore on est en octobre (rose), et parce que j'ai encore entendu samedi un truc qui m'a légèrement donné des boutons. Des gentils, hein, mais des boutons quand même.
Quand t'as eu un cancer, on a plusieurs façons de te regarder.

vendredi 23 octobre 2015

Le quotidien coloré d'une mastectomisée


Parce que je vois souvent l'incompréhension dans tes prunelles quand tu me vois arborer une poitrine de déesse qui te laisse penser que "non, yé né pas changé", et parce que certains m'ont clairement demandé comment ça se passait, les dessous du bazar, ce soir, je me suis écriée : "Rosemonde, pourquoi tu écrirais pas un p'tit billet là-dessus histoire d'éclairer un peu leur lanterne à ceux qui sont dans l'obscurité ?", suivi d'un "Ma chérie d'amour, et si tu leur décrivais un peu de ton quotidien, en ce mois d'octobre rose dédié ?". Comme je suis au bord de l'évanouissement et que je ne sais pas me résister quand je m'appelle "Rosemonde" ou "ma chérie d'amour", et ma dignité n'étant plus qu'une histoire ancienne, ben voilà, je vais tout te dire ici et là, je vais tout te dévoiler sur les dessous d'Abra.

Quand tu as subi une mastectomie (ablation du sein pour ceux qui ne connaissent pas), il t'arrive des trucs assez rigolos... en tout cas, quand tu arrives à te marrer avec, parce que tu as beau avoir un bon sens de l'humour, il se peut que tu ne te marres parfois qu'à retardement.
Si tu as le bonheur de ne pas savoir ce que c'est, je vais te raconter. Si au contraire tu sais de quoi je cause, y a des trucs qui devraient te parler...

Commençons donc par le début.

La mastectomie, c'est un peu "un seul sein vous manque et tout est désaxé", parce qu'évidemment, le corps humain, pour ses extérieurs, est quand même bien basé sur la symétrie. Tout marche par deux ou presque, et quand c'est pas le cas, y a forcément deux trucs qui vont avec (oui oui, cherche pas trop loin, je suis sûre que tu vas vite trouver... Oui, voilà, le nez... Il a deux narines).
Donc, ben quand on t'enlève un truc que t'as en double, forcément, ça se voit, surtout quand ledit truc s'avère être assez voyant. Bref.


Que se passe-t-il alors ?


Déjà, tu pèses moins lourd. Ca, c'est cool, parce que quand même, ta balance sent bien qu'y a un truc en moins. Après, si elle clignote sur "- fat" (-moins de gras), ça énerve un peu parce que jusque-là tu pouvais encore fantasmer sur le fait que ton nibard n'était pas que de la bonne graisse. Mais bon, allez, chipote pas, c'est toujours 500g de gagnés... 

Ensuite, l'apparence.
Dans l'intimité de ta maison, quand tes proches t'ont déjà vue en pyjama en pilou-pilou et les yeux gonflés le matin au réveil, ça passe assez bien, surtout quand tu as pris le temps d'expliquer à tes marmots que Maman a un nouveau look qui lui aurait permis dans une autre dimension et un autre temps de faire une tireuse-à-l'arc de ouf. En tout cas, au début ça fait bizarre et si tu es une maniaque de la symétrie, forcément, ça pique un peu, mais tout le monde s'y fait vite. Moi j'dois dire qu'un truc plat d'un côté et la 1/2 butternut qui pendouille de l'autre, même si ça m'a pas épouvantée, j'ai pas à proprement dit kiffé tout de suite.
Cela dit, j'ai pas non plus detesté, parce que c'était bien la première fois que je pouvais voir que j'avais un pectoral droit plutôt bien dessiné, et une cage thoracique bien harmonieuse. Et sauf quand tu fais un timide 75 A-, ben ça, tu le vois pas...


Le trompe chaland.

Comme tu ne passes pas ta vie chez toi ou parce que tu as des potes qui parfois viennent te voir, difficile de rester comme ça tout le temps. La prothèse est donc ton amie, voire, TES amies. Oué, parce que si possible t'en as plusieurs, c'est comme les chaussures, ça dépend des occasions.

Quand tu sors de l'hosto, tu peux rien mettre d'autre qu'une brassière équipée de poches qui permettent d'y glisser une prothèse en tissu remplie de mousse. A ce moment-là, ton sex-appeal fait un bond de 3m50 (en hauteur ET en longueur) à peine la voit-il, et il se casse rapidos en maugréant que tu ne le reverras pas de sitôt (et il a raison, le bougre, ça fait juste 17 mois que j'arrive pas à remettre le sein dessus). Faut évidemment faire gaffe à la mousse à l'intérieur de ton sein en tissu, une erreur de dosage est si vite arrivée. Tu remplis ce qu'il faut comme il faut pour que tout ait l'air de ni vu ni connu.
Hop, quelques semaines plus tard et une fois que tu maîtrises l'art du camouflage, ta cicatrice te dit que c'est bon, qu'elle va bien, et là tu peux désormais passer à l'artillerie lourde : la prothèse en silicone, celle que tu peux ventouser à ton joli pectoral dénudé.

Là, attention, truc de malade, rendu de ouf, ton sein sain jure par tous les saints.
Le fake boob s'invite à côté de ton gentil nibard qui va bien et le fait se sentir bien vieux et déclinant à côté de sa tenue parfaite même sans avoir à lever les bras. Là, ce n'est plus le dosage qu'il faut maîtriser, mais le positionnement. Un peu plus à droite, hop, on monte un peu, pas troooooop... Top parfait ! Et zou, tu peux même remettre ta lingerie d'avant qui commençait à craindre les mites dans la commode. Alors ça, c'est quand même énorme, parce que même toi tu arrives à te faire avoir, genre tu décroches le soutif en fin de journée et mince, t'avais oublié qu'il était collé, çui-là.
Il est top, donc, mais peut néanmoins te jouer des tours.
Entre autres, comme il se ventouse, ben il craint l'humidité. A priori, humide, tu l'es pas trop sauf quand tu sues comme un candidat de Koh Lanta qui chasse le lézard rachitique en plein cagnard. Or, quand tu désherbes tes rosiers en pleine canicule de mois d'août, tu es non seulement en proie à une sudation extrême, mais en plus, il t'arrive d'être fréquemment penchée en avant pour couper, tailler, arracher. A ce moment là, tu peux soudainement te demander en quoi tu as d'un coup un ganglion énorme qui vient de sortir de ta gorge, surtout que t'en as jamais eu de comme ça. En fonction de la rapidité d'exécution de tes synapses, tu vas comprendre plus ou moins vite qu'en fait, t'as pas les boules (enfin, "la" boule), mais c'est juste que ton nichon s'est fait la malle et qu'il n'est pas encore tombé que grace à la couture du col rond de ton T-shirt. Petit allez-retour orbital de gauche à droite pour voir si des voisins seraient spectateurs, non... hop, on remet tout en place en mode rapido et incognito.
Il est beau il est beau, mais pas vraiment parfait, le salaud...

Et puis il y a le mode plouf. Alors le mode plouf, c'est un truc aéro-dynamo-formé qui peut être glissé dans une poche de maillot de bain fait pour ça (90€ minimum le maillot, oué, le cancer c'est pas qu'en médoc que c'est du business...) et qui laisse passer l'eau entre ta peau et la prothèse sans être trop lourd toussa. Le truc est super bien pensé pour nager. Vraiment top. Bon, par contre, quand t'as fini de nager et que tu te mets les genoux dans le sable pour creuser un tunnel sous la méditerrannée entre la Corse et le continent avec ta Nounette à couettes, ben y a un moment où ton mec te fait sentir par un discret "psssst" que quand tu te baisses, le maillot pèse plus lourd du côté de la prothèse et que conséquemment, ton décolleté se fait assez bizarre pour celui qui regarderait à ce moment-là.

A part ça, c'est absolument fantastique.

Enfin, un truc sympa que ça peut t'apprendre, le sein en moins, c'est la rapidité ou l'improvisation. Par exemple, quand le facteur t'apporte un paquet et sonne alors que t'es encore pas "présentable" et sans personne à mandater pour ouvrir à la porte, ben soit tu t'improvises une écharpe, un gilet, ou n'importe quel truc flou que tu peux vite poser sur tes épaules ou ton cou, soit, telle Usain Bolt, tu te tapes un AR jusqu'à la salle de bains en moins de 10 secondes départ arrêtée et te voilà équilibrée lorsque tu ouvres ta portes, l'air de rien mais un brin essoufflée en essayant de sourire quand même.

Voilà voilà... Tu sais à peu près tout des dessous pas chics d'Abra.

Si tu es sage, une prochaine fois je te raconterai comment on reconstruit un "faux néné avec de la vraie peau" (dixit Nounette à couettes) et comment ça aussi, ça peut être rigolo.

lundi 19 octobre 2015

7 astuces pour faire taire ses gosses quand on est en crise de pastécocéphalée.



Aujourd'hui, je vais te parler de quelques trucs pour avoir un peu la paix, tu sais, dans ce moments où tu frises la défenestration ou l'infanticide parce que tes gosses sont survoltés comme des chipmunks qui auraient bu du café, qu'ils n'arrivent pas à parler sans crier, massacrent n'importe quelle chanson en la sortant de leur gosier ou en la customisant avec les paroles de la reine des neiges, ou encore font plein de bruit avec des trucs pas censés en faire (oué, parfois tu découvres des trucs assez fous, mais ça, faut attendre d'avoir des mômes pour en avoir la surprise).
Donc, si tu as tout essayé et que ça ne marche pas, voilà quelques astuces labelisées Abra - VU A LA TELE - NF - 100% sans paraben - Satisfait ou Remboursé - E pericoloso sporgersi :

  1. Tu peux mettre des boules Quies. Mais attention : pas dans tes oreilles, non... dans les narines de tes gosses . En effet, ainsi privés de cette possibilité fantastique de respirer par les trous d'nez, ils ne peuvent plus s'égosiller sans devenir tout violet. Et puis le temps qu'ils mettront à essayer de les enlever, tu pourras un p'tit peu te reposer...

  2. Tu utilises les trucs qu'ils viennent de clamer (genre : tu pues du cul, tu sens l'chameau, hi ya hi ya oh !) en t'improvisant soudainement DJ expert en scratch. Tu remixes tout haut et fort en utilisant ce que tu as sous la main à ce moment là (casserole, râteau, lapin...) pour faire un max de bruit et tu hipo-hopises les paroles en les massacrant bien au passage (YO yo! Tupudu, tu tu... tupudu, tu tu... Tupuduku tu sens lcha-cha, yo le chameau, Hi ya oh Yooooooooo). Là, tes enfants s'arrêtent net, te regardent, ahuris, partagés entre la peur et le dégoût, la honte et la pitié, et passent à autre chose rapidement sans demander leur reste. Attention néanmoins : cette solution fonctionne une à deux fois seulement. La surprise passée, ils risquent, la deuxième ou la troisième fois, de vouloir faire comme toi, de se marrer comme des tordus et devenir du coup encore plus bruyants qu'avant.

  3. Jouer au roi du silence. Pour cela, et parce que tu sais qu'ils ne respectent JAMAIS la règle parce qu'ils font "shhhhhttttttt" toutes les 2 secondes. tu utilises un vieux procédé qui a fait ses preuves : le chatterton triple épaisseur collé sur la bouche. Petite précaution nécessaire au préalable : s'assurer que ton doux rejeton n'a pas une sinusite ou tout autre truc qui lui encombrerait les naseaux (des boules Quies de la fois d'avant, par exemple) sinon ton jeu peut se transformer de "roi du silence" à "roi du tout bleu". Si en plus tu as de la corde et ne sais pas quoi en faire, tu peux les faire jouer au contorsionniste au passage, ça complète bien...

  4. Tu les envoies nettoyer la cage du lapin. Ceci est un procédé inspiré du 1. Ils seront alors contraints de respirer par la bouche et ne pourront alors pas s'égosiller sur la litière. Cette astuce est d'autant plus efficace quand eux ne le sont pas (efficaces), car plus ça dure, plus ton repos est assuré.

  5. Tu pars en courant, hors de la maison, tu en fais 5 fois le tour, et quand tu finis en rampant, tu jettes tes gosses dehors pour qu'ils fassent le double. Cette alternative a un triple avantage. Tu fais du sport, c'est bon pour ton coeur et tes miches, tu décharges ton stress et ta mauvaise adrenaline, mais en plus, tu as donné l'exemple avant d'infliger le même sort à tes marmots. Ca, c'est bien, c'est dans le manuel du parent-parfait-qui-brille. N'oublie pas cependant de fermer à triple tour quand tu les a mis dehors et tu récupères les boules Quies plein de morvouille pour te les coller sur les tympans. Tu seras tranquille un moment...

  6. Tu les menaces de les scotcher devant un épisode de Dora l'exploratrice avec interdiction de fermer les yeux et les oreilles. Ca marche direct, mais c'est pas bien, c'est un peu du chantage...

  7. La dernière manière, c'est celle que je préfère. Tant qu'à avoir mal à la tête, finalement, autant te faire plaiz et te marrer avec tes mioches. Tu mets alors les watts dans ta cuisine et tu improvises une choré sur Happy, Bohemian Rhapsody (version Queen ou même la version Muppet*) ou encore la super BO de Scooby Doo**, et tu remues grave du popotin. Quand c'est fini, t'as certes encore la cafetière fumante, mais t'es tellement essouflé(e) et tes gosses aussi, et tout ce petit monde est tellement déchargé de son surplus d'énergie (et son ridicule), que tout est "bien qui finit bien"... enfin, normalement...
Allez, je te laisse essayer, mais euh, j'te préviens, la maison décline toute responsabilité...


NB : Article garanti 100% non publicitaire pour les boules sus-nommées même si elles ont été les héroïnes de notre liste trépidante. Ou alors, que la maison me fasse signe, on pourra discuter les conditions du contrat :D




* Si tu la connais pas, c'est celle-là :D
** Si tu connais pas non plus, la voilà, la voici, c'est ici












jeudi 15 octobre 2015

Logo-Rallye 15 : Présentations


La suite de nos aventures (texte précédent : L'accord) a été écrite d'après les mots proposés suivants : Smaragdin, Carotte, Cystite, Suppositoire, Prout, Effluve, Marguerite, Litière, Fluide, Feutier.

 


Jean-Philémon était interdit. La scène qui venait de se dérouler sous ses yeux était pour le moins déroutante. Il n'en croyait pas ses oreilles. Un intraterrestre en mutation qui parlait un français argotique étonnant.
Célestine, elle, était en colère. Ses yeux habituellement smaragdin avaient viré au gris smog. Malgré l'incroyable découverte, elle n'en restait pas moins à cheval sur le respect de sa personne et cet individu dépassait les limites.

Grxz semblait avoir repris du poil de la bête... enfin, de l'humain. Hormis sa tête qui avait une forme légèrement ovoïde, Il avait de nouveau une apparence normale.

- Non mais faut pas s'énerver, ma p'tite dame, dit-il à Célestine tout en lâchant un prout bien sonore, je parle comme ça sans arrière pensée ni méchanceté.
- Et flatuler bruyamment, vous le faites dans quel état d'esprit ? demanda Célestine que l'effluve intraterrienne venait piquer aux yeux.
- Oh ça ? C'est pour faire la paix ! C'est une spécificité de notre espèce. Le trou d'balle est un orifice par lequel nous passons beaucoup de trucs, dont des émotions ou des signaux.
- Et la spécificité de la nôtre, d'espèce, c'est de dire "pardon" quand on pète !
- Oh là ! Pardon m'dame ! Je ne voudrais pas vous heurter la carotte ! Vous pouvez vous la boucher si ça sent pas la marguerite !

Jean-Philémon crut bon d'intervenir avant que l'échange ne s'envenime de nouveau.
- Dites-moi, mon cher, pouvez-vous nous parler un peu de vous ? Quelle est cette espèce étonnante dont vous parlez ?
- Bah... je viens de Cystite... c'est une petite enclave dans votre lithosphère. Nous vivons sous notre forme orginelle qui est celle que vous avez vue tout à l'heure. Nous avons la capacité de nous transformer à not' guise. Notre quantité de fluides est très limitée, comparativement à vous, mais nous pouvons couler des bronzes à volonté, pas besoin de suppositoire ! Et pour cause, on s'en sert pour communiquer.
- Vous parlez de défécation, c'est cela ?
- Oh là là ! Tu causes bien, toi ! Ouais, c'est ça ! On étronne à fond ! Mais bon, vu ce qu'on graille, on a de quoi !
- Qu'est-ce à dire ? Que diantre mangez-vous ?
- Bah, des trucs qui remplissent, quoi. Sur terre, c'est des trucs terrestres : animaux, humains, des trucs consistants, quoi, et puis sous terre, faut voir. Ca dépend ce qu'on trouve, mais parfois on se la joue trophallaxie à l'envers. On mange des trucs qui ont déjà été digérés et envoyés dans la litière, si vous voyez ce que j'veux dire...

Célestine fut épouvantée. Elle comprit qu'elle était passée à deux doigts de se faire gober. Ce simple fait était déjà absurde, mais en plus, de se faire gober par une créature plus rare qu'un feutier qui lui disait se nourrir d'humains, d'excréments et quoi d'autre encore ?? Si elle comprenait mieux son haleine, elle n'en était pas moins ébaubie. Elle se demandait si elle n'allait pas bientôt se réveiller et fuir ce cauchemar...


 


Et la suite ?

Toujours possible grâce à vos propositions sur https://www.facebook.com/abracadabraleblog !

mardi 6 octobre 2015

Je m'appelle Youssou


Je m'appelle Youssou.
Il ne faut pas le dire, que je m'appelle Youssou, parce que c'est mon vrai nom. 
Je dis que je m'appelle Mamadou, ça passe bien "Mamadou", quand on est noir et qu'on vend des trucs de Noirs.
Je vends des trucs de Noirs parce que sinon, je peux pas manger.
J'ai fait ça, il y a quelques années, quand j'ai étudié à Namur. Mais là, j'avais le droit, j'avais même un étal. J'avais un visa d'études et le droit de travailler un peu pour me payer ma colocation et de quoi me nourrir. La France a pas voulu, la Belgique si. J'y ai étudié le droit. Maintenant, dans mon pays, je pourrais être avocat.
Mais je me demande avocat de quoi. Avocat de trafiquants ou avocat de victimes, de toute manière, dans mon pays, quand j'y suis retourné, la justice n'existait plus. Alors je ne peux pas être avocat. Je ne peux pas "être" tout court. C'est pour ça que j'ai fui. Parce qu'y vivre était synonyme d'y mourir, parce que même les cauchemars les pires sont parfois plus doux que ce que l'on y voit, dans mon pays.

Je m'appelle Mamadou, pour toi qui m'achètes un sac en faux cuir à 15€ ou des lunettes à 5€. Tu me tutoies parce que tu penses que je ne vaux rien, un peu comme mes sacs. On ne se connaît pas, pourtant. Tu me tutoies parce que tu penses que dans ma culture, c'est comme ça. Tu me tutoies parce que tu penses que tu peux mieux marchander, comme ça.
Et qu'est-ce que tu vois ? Tu vois un Noir qui vend des trucs de Noirs, certainement parce qu'il ne sait rien faire d'autre, le pauvre. Tu vois un Noir discret, aussi lisse qu'une belle mangue bien mûre, sans histoire et qui vient gagner illégalement son pain pour nourrir ses 3 femmes et ses 8 enfants qui crèchent entassés dans un taudis de la banlieue la plus proche. Et tu as tort.


Evidemment que tu as tort. Parce que ce que tu ne sais pas, quand tu me demandes de couper par deux le prix des lunettes que tu mets 20mn à choisir, c'est que je suis là parce que sinon je serais mort. Tu ne sais pas que si je suis là, c'est que j'ai vécu l'horreur, d'abord dans mon pays, mais aussi dans ce cargo que j'ai "emprunté" en me laissant enfermer dans un container sans air. Tu ne sais pas que j'ai failli y crever comme un rat que j'étais. Tu ne sais pas que les passeurs m'ont tout pris, mon argent, mon honneur, ma dignité. Tu ne sais pas que les miens ont péri ; que de famille, il  ne me reste plus qu'une sœur dont les enfants meurent de faim et à qui j'envoie un peu de l'argent que je gagne pour qu'elle puisse les nourrir. Non, ça, tu ne le sais pas.
Lorsque tu me vois, tu ne sais pas que je suis diplômé de l'université de droit d'une ville belge. Tu penses que je suis analphabète et tu me parles même parfois comme à un déficient mental à qui il faudrait du temps pour assimiler les syllabes. Pire, tu es probablement loin de penser que je suis quelqu'un de bien. En fait, peut-être es-tu même à des années lumières de penser que je suis quelqu'un.

Je m'appelle Mamadou, celui qui a presque tout perdu, même son nom de peur qu'on ne le renvoie d'où il vient et où il ne pourrait plus rien faire pour les siens. On ne m'a pas encore volé mon corps, et il me reste mon âme. En songe, je me vois parfois être quelqu'un. Quelqu'un qui pourrait vivre dans le confort simple d'une identité, en toute légalité. Quelqu'un qu'on pourrait regarder en le voyant tel qu'il est : un humain, de la tête aux pieds. Quelqu'un qui aurait le droit de rêver.

Je m'appelle Mamadou, celui qui ne sourit que trop peu. Lorsque tu me croiseras, la prochaine fois, souviens-toi de ça : j'ai encore une âme, elle, ne s’éteint pas. Alors souris-moi, regarde-moi comme toi, et alors sans doute pourrais-je sourire aussi, moi.









vendredi 2 octobre 2015

Définition : Hôpital


Hôpital, définition glanée sur le ouèb
Un hôpital est un établissement de soins où un personnel soignant peut prendre en charge des personnes malades ou victimes de traumatismes trop complexes pour être traités à domicile ou dans le cabinet de médecin.
Dans la plupart des pays développés, par rapport au domicile et au cabinet du médecin, le centre hospitalier présente l'avantage d'avoir :
  • une hygiène assurée par un personnel de nettoyage formé ;
  • un accueil permanent et/ou une surveillance 24 heures sur 24 et sept jours sur sept par du personnel hospitalier médical et paramédical (infirmer ou infirmères, aides-soignant(e)s, etc.) ;
  • des équipes de soignants, disposant de compétences particulières (médecins spécialistes) et du matériel (plateau technique) nécessaire à des examens et soins plus poussés qu'au cabinet du médecin (dont en général des blocs opératoires).
En revanche, la présence et le passage de patients porteurs de nombreuses pathologies, et l'usage chronique de médicaments et biocides expose à un risque d'infection nosocomiale.
Certains hôpitaux ont un service des urgences, voire un service mobile d'urgence et de réanimation (SMUR).

Hôpital, définition par une locataire courte durée (heureusement)*
UN hôpital, DES hôpitaux. Ca, déjà, c'est dit... Bon.

Lieu de villégiature ou de détention réservé aux personnes malades ou victimes de traumatismes, où, si tu ne risques plus de perdre la vie grâce aux soins prodigués, tu risques néanmoins de perdre ta dignité et tout type de pudeur que tu pouvais avoir dans ta vie dite "d'avant"...
Dans la plupart des pays développés (c'est chez nous, ça !!) par rapport au domicile et au cabinet du médecin, le centre hospitalier présente l'avantage d'avoir :
  • une hygiène assurée par un personnel de nettoyage formé et qui sait raconter à sa collègue toutes les dernières aventures de son p'tit dernier qui n'a pas réussi à trouver son alternance à temps, et ce, en rentrant dans ta chambre, te sortant du lit en mode éjection, faisant le lit, et ressortant, tout ça en ayant réussi à insérer dans son élocution un "bonjour-comment-ça-va-madame-aujourd'hui-biiiieeeen?-tant-mieux!", tout en ne reprenant son souffle que 2 FOIS ! Les meilleures de la catégorie sont celles qui te donnent la possibilité de connaître la suite de l'histoire en restant devant ta porte pour terminer leur récit passionnant. Celles-ci ont toute ma reconnaissance, parce que franchement, rester sur ma faim comme lors du dernier épisode de la dernière saison de Downton Abbey, ça m'aurait fichu le cafard ! 
  •  un accueil permanent et/ou une surveillance 24 heures sur 24 et sept jours sur sept par du personnel hospitalier médical et paramédical (infirmer ou infirmères, aides-soignant(e)s, etc.) qui fait que le simple fait de dormir est un peu comme arriver à faire pipi tranquille quand t'as des gosses : c'est juste impossible. Entre les courses poursuites de chariots dans les couloir et les bip bip des chambres qui appellent une infirmière, si tu arrives à fermer un oeil, l'autre hésite. Tu slalomes entre la terreur nocturne et la fatigue profonde. Quand tu t'assoupis enfin, que l'oeil sentinelle faiblit et que ton rythme cardiaque parvient à ralentir, il se passe peu de temps avant que la porte ne s'ouvre d'un coup pour laisser passer une lampe de poche dont la lueur vient te sonder la rétine. Tu peines à te rendormir (si tant est que cela pouvait s'appeler "endormissement") et lorsque tu es en pleine phase de sommeil paradoxal, on vient prendre ta tension... à 5h06. Là, on te signale que ton pouls est anormalement élevé, tout de même, pour quelqu'un au "repos" et qui se réveille (c'est sûr que 120 pulsations minutes, ça peut un peu étonner quand t'es pas en train de courir après ton lapin dans la maison), et qu'il faudrait vraiment penser à te ménager et ne pas prendre la convalescence à la légère.
  • des équipes de soignants (médecins spécialistes), disposant de compétences particulières, dont celle de faire sombrer dans les méandres de l'anésthésie après t'avoir lancé un "Ayé ! J'ai lancé l'apéro !", et de te déshiniber à vie en entrant dans ta salle de bain quand t'es nue comme un ver qui enfiles ses bas de contention. Ca tombe bien, "ça prendra moins de temps pour regarder l'aspect la cicatrice", te dit-on, sans s'offusquer que tu reçoives de la visite de la sorte.
Ce n'est pas la présence ni le passage de patients porteurs de nombreuses pathologies, et l'usage chronique de médicaments et biocides qui expose à un risque d'infection nosocomiale, mais bel et bien la nourriture qu'on sert. En effet, un phénomène de sous-nutrition s'explique par le fait indirect que tu ne te laisses pas prendre à deux fois et que rien qu'à l'odeur, tu ne touches plus au contenu de ton plateau repas. Tu ne manges donc plus à ta faim sauf si tu arrives à te greffer à un réseau de trafic de pain rassis (oué, même l'hosto a sa mafia), et tu perds tellement de poids tellement vite que tu es la cible de toutes les infections présentes que la porte de ta chambre ne stoppe même pas, et pour cause, elle est ouverte toutes les 10mn.

Certains hôpitaux ont un service des urgences, voire un service mobile d'urgence et de réanimation (SMUR). C'est bien d'avoir l'explication, moi je croyais que ça voulait dire "Survivre en Milieu Ultra Rugueux"...

Allez, va, j'exagère un peu, hein...
J'ai été bien cocoonée pendant 8 jours, j'ai même presque eu envie de rester. Surtout quand on m'a fait comprendre qu'à la maison, y avait mes deux bambins qui m'attendaient ;o)

* Il s'agit ici de la suite de mes aventures (voir http://lejourdabra.blogspot.com/2015/03/le-premier-jour-du-reste-de-ma-vie_18.html si tu ne te rappelles pas) qui m'emmènent vers un autre moi !