mardi 16 août 2016

Des âmes, des sourires



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Aujourd'hui, au détour d'un petit jogging matinal une femme m'a dit bonjour et m'a souri.

Jusque-là, rien d'anormal, hein... "Quoi de plus naturel ?", me diras-tu... Et effectivement, entre gens du matin, promeneurs, joggers, il arrive très souvent qu'on se salue. On se salue d'un signe de tête, de la main, d'un "bonjour !", d'un sourire. Et, dans un monde où l'indifférence semble avoir fait sa place, tu me diras aussi que c'est déjà pas mal. Quand on prend le bus, on marche dans la rue ou même qu'on croise un collègue, il nous arrive rarement ces échanges.
Alors tu as raison, c'est déjà pas mal.

Mais alors imagine que si ça, c'est "déjà pas mal", alors on peut dire que moi, ce matin, j'ai eu droit à la crème du gratin, au nectar suprême.
Parce que ce sourire-là, il ne venait ni des yeux ni de la commissures des lèvres. Non. Il venait de plus loin. Il m'en a mis plein la poire, ce sourire-là. Il m'a illuminée. Il a été furtif, pourtant, mais il m'a baignée intégralement de chaleur lumineuse.
Il a fait un "bip-bip-bip-biiiiiiiiiiiiiiiiiip ! [ENERGY TANK FULL] " d'un coup d'un seul.
Mais pourquoi celui-là ? Celui de cette dame-là ?

Non parce que j'en ai eu d'autres, des "bonjour" et des sourires, dans la suite du footing, presqu'à chaque fois que j'ai croisé quelqu'un. Mais aucun n'a été aussi incroyablement doux, intense et pénétrant que le premier.

Alors pourquoi celui-là ?

Est-ce parce qu'il m'était adressé ? Je veux dire VRAIMENT adressé ?
Est-ce parce qu'elle me regardait intensément et que ses yeux ne regardaient pas la coureuse mais la PERSONNE ?

En réponse, la théorie qui m'est venue à l'esprit, c'est que le moteur de ce sourire, ce mécanisme magique enclenché alors, c'est l'Amour qui me l'a balancé d'un coup d'un seul dans la tronche. Ca peut pas être autre chose. C'était trop bon, trop beau, trop "pffouf !", trop "Rhâââ !" pour que ça vienne d'ailleurs.
En gros, ce matin, j'ai pris un shoot de ouf grâce à une dame qui laisse l'Amour aux commandes...

Comme quoi, rien de bien compliqué, hein.

Mais alors euh... Les autres sourires ? Ils étaient fake ?

Carrément pas, évidemment, surtout qu'ils étaient bien jolis aussi.

La seule différence, c'est qu'ils ne venaient pas du même endroit. Y avait un chiffon, un bout de bois, un petit couvercle ou autre voile posé négligemment pile au-dessus du coeur, accompagné du bâillon cérébral qui s'échine dès qu'une petite voix lance un "Vas-yyyyyyyyyyy ! Fais péter ! Balance la purée!" et qui fait que le cœur  n'entend pas qu'il faut tout déverser. Alors il ne déverse pas. Il a pas l'habitude, en plus, alors on ne doit le faire que dans de rares occaz, sinon c'est gâcher, voire pécher. Bref, ces autres sourires-là, du coup, partaient de la tête (celle qui fait que la commande est plus "polie"), celle-là même qui t'empêche de sauter à pieds joints dans une flaque d'eau quand t'en frémis d'envie. Faut pas éclabousser, ça pourrait salir.

Peut-être que la différence, alors, justement, c’est que la dame croisée ce matin n'a ni couvercle ni bâillon. Peut-être qu'elle laisse tout passer.
Peut-être que c'est pour ça qu'elle sait si bien donner.
Moi en tout cas, ce matin, j'ai kiffé, ça m’a bien eclaboussée.