mardi 29 septembre 2015

Réflexions amusées d'une hospitalisée - la compil'



Suite de mes aventures oblige, (t'inquiète, je vais bien :D ) j'ai récemment fait un petit détour par la clinique. Une définition de l'hosto est en préparation, mais en attendant, voici quelques petites anecdotes : du bon, du cru, rien que du vécu !

16 septembre
Le monde hospitalier, un lieu hostile à l'intimité ?
Un petit sujet de thèse intéressant, ma foi...

18 septembre
Manger quelques jours à l'hosto comporte plein d'avantages :
- tu perds du poids sans efforts,
- tu sais que tu vas apprécier le resto d'entreprise en retournant au boulot, 
- tu te fais rapidement plein de fric en mettant en place un réseau clandestin de distribution de galettes de riz pour celles et ceux qui ne supportent pas la vie Koh Lantesque...

19 septembre
Un réveil à l'hosto, par Abra Cadaboob.
A 5:58 tapantes, la porte s'ouvre aussi brusquement que bruyamment sur 2 aides-soigantes qui s'engouffrent dans ma chambre.
- BONJOUR MADAAAAAME !!
- ... Rmf ?
- VOUS AVEZ BIEN DORMIIIII ? ON VIENT PRENDRE VOTRE TENSIOOOON !
- Arrrgl...
- AH BEN DIS DONC, VOUS AVEZ UNE TENSION DROL'MENT ELEVEE AU REVEIL !!
- ... 

Je suis en train d'élaborer un plan de sauvegarde arterielle. Cette nuit, je piège l'entrée de ma chambre...

20 septembre
"Je me heurte parfois à une telle incompréhension de la part de mes contemporains qu’un épouvantable doute m’étreint: suis-je bien de cette planète ? Et si oui, cela ne prouve-t-il pas qu’eux sont d’ailleurs ?"
Pierre Desproges
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Les péripéties d'une amazone reconvertie - par Abra Cadaboob.
Episode 26 : Empirisme raté
Hier : plateau de petit déjeuner déposé à 8h00 avec tentative de retrait à 8h13 avec un "Ah bon ? Vous n'avez pas terminé? "
Aujourd'hui : plateau déposé à 7h25 alors que je me suis pas encore remise du réveil de 5h20. Pas encore faim mais de peur de voir ma pitance s'envoler en pleine phase de sommeil paradoxal, absorption rapide et partielle du contenu du plateau.. qui est encore là, 1h30 plus tard...
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Rêverie papillesque
Tu es si jolie, toi, la pulpeuse...
Je te vois bien assortie, si juteuse,
A ces feuilles tendres et craquantes,
Arrosée d'une pluie fine scintillante,
Du mariage fin et délicieux
D'émeraude et de nectar sirupeux !

Une simple envie de salade verte-tomate huile d'olive-balsamique NORMALE, à l'hosto, ça rend poète..
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- Toc
- ...
Porte de la chambre qui s'ouvre
- Madame Cadabraaaaa ?
- Euh, je suis dans la salle de bain ! Je m'habille !
Porte de la salle de bain qui s'ouvre...
- Comment allez-vous aujourd'hui ?
- Euh.. ben... un peu nue, quoi...
- Tant mieux, on peut mieux regarder le pansement, comme ça...
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Quand tu rentres à l'hosto, tu sais que tu risques d'y laisser quelques bouts de toi, comme :
- de l'ADN,
- du sang,
- ton dentier,
- des cellules...
Par contre, tu le sais pas, mais tu risques d'y perdre aussi :
- ta patience,
- ton sens de l'humour,
- ta dignité.

21 septembre
Aujourd'hui, truc de ouf !!
On a frappé alors que j'étais aux toilettes (oui, même les magiciennes vont aux toilettes, c'est pour faire sortir des étoiles filantes de leur nombril...).
Une personne (infirmière ? aide-soignante ?) est entrée dans la chambre, et, n'y voyant personne et observant que la porte de la salle de bains était fermée, elle ne m'a pas appelée, n'a pas tenté de rentrer dans les toilettes, toussa... Non...
Elle est... RESSORTIE !! OUI !! RESSORTIE !!
Depuis une semaine, j'ai peut-être perdu une partie de ma dignité, mais pas encore toute trace d'espoir !
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7è jour de détention pour Abra Cadabra
Après une semaine,le sujet ayant été scruté dans tous ses recoins et tous ses états, celle-ci ne comporte finalement aucun intérêt pour le milieu médical.
Elle n'aura même pas été capable de faire des complications simples, de type petit oedème ou encore surdose médicamenteuse. On dit qu'elle aurait même résisté à la nourriture sans déclencher d'intoxication alimentaire !
L'espèce serait donc humiliation-proof et non soluble dans les antalgiques.
La réintroduction dans son environnement naturel serait prévue pour demain, avec, comme terrain d'observation, le retour aux sources hostiles d'une tribu lécheuse de poire.
Les éthologues sont prêts.
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- Et pourquoi vous enlevez l'aiguille, là ?
- Parce que. J'enlève l'aiguille.
- Ah... Et les Fémoinmalkançafémal 1 000 mg, vous me les donnez pas ? On m'a dit de les prendre impérativement à minuit...
- Non. Seulement si ça fait mal.
- Ben d'hab je les prends systématiquement parce que si j'attends, ça fait vraiment TRES mal...
- Non. Vous appellerez.
- Ah... Euh, OK. Et là, pour le drain, pourquoi vous notez 10 alors qu'il y a zéro ?
- Parce que.
- Ah... Ok...
Elle part puis revient :
- Finalement, je vous donne les Fémoinmalkançafémal, il faut impérativement les prendre à minuit.
- Ah OK, final...
- Et si vous avez besoin dans la nuit, n'hésitez pas.
- Euh, c'est gentil mais non, mer...
- Bonne nuit.

Grâce au fabuleux système des rotations d'équipe, cette nuit, je crois que je vais expérimenter le goulag...

22 septembre
Libérééééééééée ! Délivrééééééééééééée !
Je n'y mangerai plus jamaaaaaaaaaaais !
... Enfin, jusqu'à la prochaine fois

vendredi 4 septembre 2015

Communication, mon amour




"Mais tu vas arrêter de me mâcher cette manche, oui !!", entends-je dans la cours de l'école par une maman excédée, semble-t-il, de répéter la même chose à son petit dont la manche est trempée jusqu'au coude.
Je suis choquée. Oui, cette maman est énervée, c'est évident, oui, le ton marque bien l'agacement... Mais non, je ne suis pas choquée par ça, étant moi-même bien coutumière de la chose, me retrouvant maintes fois aux prises avec l'irritation montante de répéter 30 fois la même chose à ma progéniture.

Mais qu'est ce qui me hérisse le poil, alors ?

Eh bien c'est une toute petite chose. Un rien qui se glisse dans la phrase et qui change tout. Un petit "me" qui n'a rien à faire là et qui vient mettre la pagaille et instiller une culpabilité qui n'a rien à faire là non plus.
Mais voilà. Les habitudes, la culture, les réflexes sont là, invisibles, sans que nous en soyons conscients. On a toujours entendu nos parents parler comme ça, on ne se pose même pas la question d'où ça vient et pourquoi c'est là.
Et pourtant, si on le faisait, on se rendrait compte que parfois, les tournures ont grande importance et les utiliser peut être critique.
Donc, "tu vas arrêter de ME mâcher cette manche" n'est non seulement pas correct grammaticalement, mais en plus, ajoute une direction à l'action : MOI.
Du coup, quand on ajoute un ME ou un NOUS dans la phrase, on accuse l'autre de ME ou NOUS faire quelque chose.
Là, en l’occurrence, le truc qui est tout déformé parce que mâchouillé à jusqu'à la fibre, c'est pas la maman, c'est la manche.
Quand un enfant se réveille dans la nuit, a mal aux gencives parce que des petites quenottes naissantes le taquinent, il ne NOUS fait pas ses dents ! Il fait ses dents, c'est tout.
Et étonnamment, il ne le fait pas exprès ! Dingue !
Et quand tu parles comme ça, du coup, ton tout petit est bien empêtré dans sa douleur et son inconfort, mais en plus, il entend qu'il fait quelque chose de pas bien à papa ou maman.

Ben oui, ça a un impact sur maman, sur papa ou tonton Eudes, parce que ça peut avoir comme conséquence d'avoir un t-shirt à laver, une nuit difficile ou encore un appel chez le médecin à passer... Certes. Mais faut pas non plus virer parano, c'est pas mal-intentionné a priori, et encore moins contre toi.

Quand tu as entendu ça toute ton enfance, plus tard, quand ton pote te dit "Mais qu'est-ce que tu nous fais, là ?" quand tu as une grippe carabinée et que tu n'es pas en état de venir à la super fiesta organisée par Robert, ben tu entends que c'est quand même pas sympa d'avoir la grippe, et que t'aurais pu être plus cool avec tes potes en étant en pleine forme.
Mais bon, c'est pas grave, ça te choque même pas, t'as l'habitude de culpabiliser, depuis le temps... Pare que tout petit, tu entendais aussi des "Arrête de faire crier ta mère !!" que ton père pouvait te lancer au Nième pétage de plomb maternel parce que tu ne voulais pas collaborer pour ranger ta chambre. Là, non seulement tu ne coopérais pas, mais en plus, on te faisait croire que tu avais un pouvoir spécifique sur les cordes vocale de ta daronne.

Autant que tu le saches, maintenant que tu as grandi, tu n'as pas de télécommande te permettant d'activer les octaves. Tu as une seule responsabilité, celle qui TE concerne, toi, tes actes et tes émotions. Et maintenant que tu as aussi des enfants, tu sais que parfois, pour la même connerie, en fonction de ton humeur, de ta journée et tes états d'âmes, tu hurleras, riras, grogneras ou t'en foutras royalement. En gros, ça dépendra de TOI ! et pas de ton fils qui n'a pas fait ci ou a cassé ça.

Alors même si tu l'as entendu quand tu étais petit(e), rien ne t'empêche de changer la construction de la phrase, la trajectoire des mots quand ils sont prêts à sortir.
Et si tu dis à tes cops que ton petit a fait une varicelle, dis-leur qu'il a fait une varicelle, pas qu'il T'a fait une varicelle. Parce que c'est pas à toi, qu'il a collé des boutons, mais bien à lui.