mercredi 17 juin 2015

Le "must have" ou comment être un mouton.


L'autre jour, j'ai vraiment cru être en proie à une hallucination...
Des triplées ! Je voyais des triplées !!!
Et puis, après m'être frottée les yeux, pincée et avoir repeigné mes sourcils (rien à voir, les sourcils, mais il est important de les avoir bien peignés, je l'ai lu dans Pipeau'l chez ma coiffeuse...), j'ai réalisé que non, je voyais bien 3 jeunes filles différentes, mais incroyablement ressemblantes.
Mêmes ballerines, mêmes jeans slim, même veste, même coupe de cheveux et même coiffure avec la raie sur le côté à 43,22° nord rabattue sur le front.
Juste la couleur des cheveux et des vêtements différaient un peu, et encore...

Bon. Quand on est ado, on a besoin de se trouver, découvrir sa personnalité, son style, et en même temps, on a besoin de se sentir appartenir à une communauté, un groupe, un clan. Donc, il arrive qu'il y ait des personnes qui se distinguent parfaitement en se mettant en dehors d'une "norme" qui n'est pas faite pour elles, soit au contraire, on assiste à des clonages tout à fait étonnants.
Cela dit, quand j'ai cru avoir de nouveau ce type d'hallucination en ville, en voyant des jeunes clones d'une trentaine d'années, je me suis dit que soit l'adolescence avait tendance à durer un peu, soit notre société de consommation et d'identification était de plus en plus moisie. OK, pour certains, frôler la trentaine à la fin de l'ado, ça peut arriver... Mais quand même !!
Avoir un style identique, quand on est cops, ça s'entend. Par contre, être sapé, coiffé, maquillé et limite stringué de la même manière, ça devient un peu chelou, non ?

Eh bien en fait, non, et c'est pas ma coiffeuse qui te dira le contraire.

Parce que dans les magazine Pipeau'l ou autre magazines dit "féminins", dans lesquels je me vautre quand je vais la voir (3 fois l'an lors des années bissextiles), je fais le plein de tout ce que j'ai raté dans l'année (parce que quand t'as pas la télé, tu deviens hermétique à plein de truc, paske ben oué, z'ont plus de fenêtre par laquelle rentrer chez toi sans que tu les aies invités...). Et là, je me heurte à des looks "must have" ("qu'on doit avoir", en ouzbèk dans le texte) ou les looks de la "it-girl" ("la fille en vogue", en estonien oriental dans le texte). Donc, que fait-on, dans ces magazines dont l'altitude éthique n'atteint pas celle de la mer morte ? On descend la première nana ou le premier gars en vue qui n'est pas sapé comme "il faudrait", et on idolâtre le look tendance, on encense le détail à deux balles, on s'extasie devant l'accessoire qui change tout.
Et on te dit même où et quelles fringues acheter pour ressembler le plus possible au truc que tu as en photo devant toi sans te ruiner ou presque.
Et là, combien tombent dans le panneau ? Ben plein.

Ce qui est normal car depuis la nuit des temps, la mode a eu ses suiveurs et suiveuses, les tendances ont toujours été suivies...
Et plus ça va, plus ça s'accélère. Du coup, c'est vrai pour les fringues qu'il faut absoooolument avoir pour être dans le coup (mais le coup de quoi ??), c'est vrai aussi pour les voitures, les téléphones, les céréales, et même les sex toys... Bref. Le point commun là-dedans ? La dictature de l'achat, de la consommation, de la possession. Si tu n'as pas, tu n'es pas. Si tu n'es pas comme les autres, tu n'es pas. Si tu ne consommes pas, tu n'es pas.
Mais euh... en même temps... Et si tu es comme les autres ? Tout pareil... Es-tu ?
Il semblerait que non-plus, mais ça, ça ne se voit pas parce que tu es comme les autres. Et comme c'est ça, finalement, qui rassure...

Mais tout de même, qu'il faille être comme les autres pour être reconnu... C'est pas un peu... étonnant ? Non ?
Béééé ?

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