vendredi 24 avril 2015

Être parent ou comment atteindre la condition animale





Avant d'être parent, ça peut arriver... Mais pas tant.
Tu peux être un vrai clébard, piailler comme une pie, avoir une mémoire de poisson rouge ou encore être franchement rat, ça reste général, une manière qui te définit assez globalement, et ce, souvent d'une manière durable. 

Là où vraiment le rôle de parent te fait atteindre des sommets, c'est en te donnant l'occasion de changer plusieurs fois de peau (ou plutôt de pelage) dans la journée. Et là, on n'est plus dans la définition d'un trait de ton caractère, on est réellement dans la description d'un état bien spécifique qui est susceptible de changer 10 fois dans la journée (minimum). Si tu te rappelles vaguement tes cours d'espagnol, en gros, avant d'être parent, tu utilises SER, et quand tu es parent, tu utilises ESTAR...

En voilà un exemple, juste le temps du petit-déjeuner.

Quand t'es parent, donc, et quand c'est le week-end ou un jour où y a pas à réveiller tes marmots, déjà, ta journée commence félinement. Tu t'étiiiiiiiires tranquillement, tu sautes d'un pas léger et archi-silencieux de ton lit à la porte, tu passes par l’entrebâillement en mode furtif, puis, en misant sur tes coussinets pour ne faire aucun bruit, tu atteins la cuisine de ta démarche chaloupée. Attention, c'est là qu'il faut limiter le rôle : TU NE MIAULES PAS pour réclamer ta pitance !! Rappelle-toi, tu rêves de prendre ton petit-déjeuner tranquillement, pas de faux-pas ou c'est fichu. Et inutile de mettre les bols des enfants sur la table, ça pourrait faire du bruit. Tu es un chat, rappelle-toi, et un chat est égoïste.

Lorsque les enfants sont debout et arrivent encore les yeux tout collés de sommeil, ton cœur s'amollit dangereusement et tu te transformes d'un coup d'un seul en poule, tu déploies tes deux ailes et t'en prends un sous chacune. Tu couves 5 bonnes minutes, puis tu vires toutou en les reniflant et en leur léchant la poire.

C'est là qu'ils traînent un peu à aller se mettre à table et que l'oie qui est en toi se met à cacarder pour rappeler à l'ordre ses oisons tout en partant se dandiner de la croupe entre la table et le placard pour remplir leur mangeoire.

Ensuite, au moment où la cuillère sort malencontreusement du pot de miel en mode salto-arrière-triple-vrille-réception-sur-la-table (preums) et parterre (deuz), c'est l'ursidé plantigrade qui s'excite et te voilà grognant sur tes oursons, la gueule pleine de dents bien sorties, bave à l'appui. 

L'orage passé, ta progéniture te fait rapidement devenir chèvre en te demandant une tartine de truc, euh en fait non, plutôt une crêpe au machin, mais finalement si, la tartine de truc mais avec du miel-mais-faut-laver-la-cuillère-avant... 

Tu t'apprêtes à donner un p'tit coup de cornes dans le tas quand tu te rappelles à grand effort que la violence ne résout rien et te voilà panda sur ta terrasse à faire quelques mouvements de Tai Chi, histoire de te calmer pour ne pas passer dans les faits divers pour double infanticide.

Lorsque tu reviens, rasséréné(e) ou presque, tu te transformes en bécasse au moment précis où tes enfants essaient de te convaincre qu'en fait, aucun des deux ne sait pourquoi un des bols est renversé et que même que c'était très certainement comme ça quand ils sont arrivés.


Le lion vient alors en renfort, fait nettoyer tout ça à grands coups de rugissements bien sonores, puis envoie ses lionceaux se laver les crocs.

Enfin, quand l'un deux te dit que "Bidule eh ben il m'a traité de sale fouine l'autre jour !" ton instinct lupin se réveille et tu prends ton louveteau par la peau du cou pour l'amener dans ta tanière et tu lui dis que si Bidule recommence, il aura affaire à tes canines.

Pfiou !! Même pas une heure que t'es debout, et t'as déjà vécu 10 métamorphoses... Autant dire que si la série existait encore, tu pourrais postuler pour doubler Manimal.

Et bien ironiquement, c'est souvent quand les journées commencent de la sorte que tu te sens ensuite la vivacité d'un pachyderme...

1 commentaire:

  1. MA GIS TRALLLLLLLLLL.
    J'sui complètement fan de ta référence à Manimal... je vois bien la peau de tes mains qui se boursoufle et qui cloque... ;-) Mais je ne me souviens pas l'avoir vu se transformer en pachyderme... ;-)
    jno

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