dimanche 8 mars 2015

La journée de la femme ? Ah bon ?




D'abord, et après moult revendications antérieures, ce sont les mamans qui se sont vues célébrées, grâce à un certain Maréchal P., et qui ont pu constater au fil du temps, une transformation de leur fête en folie acheteuse, en détroussage de fleuristes, en épidémie d'achats de mixers et autres fers à repasser ou cocottes minutes.

Ensuite, c'est Jésus qui se serait retourné dans son suaire s'il l'avait gardé sous le coude : après la deuxième guerre mondiale, et grâce à une marque de boisson gazeuse américaine bien connue qui avait tout compris, il s'est fait piquer la vedette par un gros barbu bedonnant dont le "Ho ! Ho ! Ho !" allait vite remplacer les cantiques de la messe de minuit. En quelques décennies, son anniv' s'est donc transformé en course-poursuite dans les grands magasins, en burn-out du cadeau, en fièvre de la consommation et en repas orgiaques, alors qu'il était au départ fêté pour rappeler des moments, certains diront historiques, d'autres diront religieux, mais quoi qu'il en soit porteurs de sens et de valeurs.

Et puis, il y a eu la journée internationale des droits de la femme, celle, initiée au début du siècle dernier et officialisée en 77 par les Nations Unies, qui amène des parfumeries et autres vendeurs de produits féminins à octroyer 20% de remise à leurs clientes à cette occasion, et pousse les maris habituellement oisifs et radins à offrir des fleurs à leur femme et à faire, ce jour-là, la vaisselle à leur place.
Mais que voulez-vous ! Tout fout l'camp, ma bonn' dame !!
Pourtant pas conservatrice pour un franc sou (hey, j'déconne pour le franc, hein...), je suis épatée par tant de déviation, par tant de perte de sens.

La journée qui se transforme presque en fête des mères bis, en "traitement de faveur" pour les uns, en "Et pourquoi pas la journée du chat, tant qu'on y est ?" pour les autres, est une journée qui me laisse, année après année, un goût amer.
Se rappelle-t-on, lorsqu'on a 20% sur son parfum préféré, qu'une femme est peut-être en train de mourir des suites de coups et blessures "offerts" par son mari ? Pense-t-on, en recevant des fleurs, à cette femme lynchée pour ressembler un peu trop à un homme ? Et lorsqu'on se voit proposer des articles féminins à prix coûtant sur un site de discount bien connu, imagine-t-on, en cliquant frénétiquement sur tous ces "cadeaux", que pas si loin que ça de sa maison, se trouve une femme qui n'a pas le droit de montrer son visage dans la rue ?
Et pourtant, initialement, il ne s'agit que de ça... De l'équité de droits, l'égalité de traitement entre une femme et un homme. Rappelons-nous que cette journée existe, initialement, suite aux luttes féministes en Europe et aux Etats-Unis, et que la date du 8 mars rend hommage à ces femmes qui défilèrent dans les rues aux prémices de la révolution russes en pleine 1ère guerre mondiale, aux femmes qui demandaient un salaire décent pour leur travail, pour ne plus voir leurs enfants mourir, et pour survivre en l'absence de leurs maris partis au front.

Et puis, il n'est de 30% de remise qui sauve une femme de la peine capitale pour avoir commis l'adultère. Il n'est de robot ménager qui apporte le sourire à une femme battue. Et il n'est de maquillage qui se voit par dessus le voile subi.
Alors... Souvenons-nous.
Souvenons-nous que cette journée symbolise la "lutte", celle pour avoir le droit d'aller à l'école, celle pour avoir le droit de s'exprimer, celle, tout simplement, pour avoir le droit d'exister.
Et souvenons-nous que pour beaucoup trop encore, la lutte est loin d'être terminée...

3 commentaires:

  1. De coeur et de conscience avec toi... heu elles.. euh vous... enfin nus quoi !

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  2. fallait que ce soit dit... mais c est mieux fait quand c est toi qui le fait...

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