dimanche 15 mars 2015

Et le contexte, bordel ?

C'est bien connu, on sous-estime trop souvent la nécessité de préciser le contexte lorsque l'on échange avec son entourage.

Ce matin au petit déjeuner, j'ai eu quelque peu de mal à remettre un "Mamaaaaan, et toi tu te faisais souvent manger par les fantômes quand tu étais petite ?" lancé sans préambule par mon Ninou-tout-doux.

Parce que sans contexte nos méninges prises au dépourvu se mettent en marche à toutes pompes voire s'emballent, des pensées pourtant très complexes peuvent aller à une vitesse incroyable en quelques centièmes de secondes. Mon cerveau n'y échappe pas, voire en rajoute, le farceur, me faisant passer d'un univers à l'autre sans que je ne lui demande rien et avant même que je lui envoie la bonne information, tout ce qui pourrait être évité si je mettais tout ça sur "off" et que je posais tranquillement la question "Euh... de quoi tu parles ?" tout de suite.
Or, joueuse à mes heures et toujours partante pour une partie de devinette, la question est restée stockée en joker et c'est comme ça que ce matin, en 1 fraction de centième de seconde, je me suis retrouvée petite nounette à couettes dans une maison hantée, doudou en main et courant comme une dératée pour échapper aux vilains fantômes qui n'avaient qu'une idée en tête : me déguster en civet. Pas le temps de voir si j'ai pu leur échapper car le cerveau est ainsi fait qu'il sait te dire "Hé oh ! Tu vas trop loin, là, reviens, c'est pas de ce côté !", et te permet d'aller explorer une autre brèche synaptique de sa spécialité. La fraction de seconde plus tard, changement de décor, me voilà donc habillée en chasseuse d'ectoplasmes dans un univers parallèle bourré de spectres essayant de m’attraper par les pieds alors même que je me défends à coups de Proton Pack, le célèbre accélérateur nucléaire des Ghostbusters... De nouveau, on me dit dans l'oreillette que je fais fausse route et mes neurones me ramènent à un autre univers, où je me retrouve toute ronde et jaune en train de cruncher des fruits magiques pour aller gober du fantôme vite-vite pendant que je clignote encore.
Bingo ! Eh oui, on avait parlé la veille au dîner du célèbre glouton jaune de notre jeunesse, ce héros de Pac-Man le nettoyeur d'écrans noirs !
Me voilà arrivée à destination, 2 secondes après la question floue de mon Ninou, et capable de lui répondre que oui, il m'arrivait de me faire croquer même si je m'empiffrais à fond de ces fantômes colorés.

2 secondes seulement pour tout ce remue-ménage neuronal qui m'a offert un petit voyage dans le temps et les dimensions, dans un n'importe quoi cérébral.

Bon, ça c'est parce que j'avais bien dormi, écouté Thunderstruck au réveil et pris mes petites vitamines matinales. Mes yeux ont donc à peine entamé une rotation circulaire et la confusion n'a pas eu le temps de s'installer sur mes traits : totale transparence pour mon entourage.

Par contre, quand il arrive ce genre de trucs à des moments moins propices (après une sale nuit, une journée difficile ou quand tu viens de nettoyer la cage du lapin) et alors même que tu traînes ta carcasse à table et que tu maintiens tes paupières relevées à coups d'efforts surhumains, le résultat de ce type de question peut donner tout autre chose et te faire passer un moment hautement anxiogène. Tu peux effectivement, à cause d'une question toute simple du type "Et alors la sorcière c'était pas sa mère ?", te retrouver au bord d'un trou noir interstellaire, dont l'intense vacuité se lira aisément sur tes iris, et te fera ressentir une profonde angoisse, une solitude absolue. Comme tu n'as pas l'humeur joueuse, c'est là que tu peux utiliser la question immédiate. Le problème, c'est que quand l'humeur n'est non seulement pas joyeuse mais également assez proche de celle d'un pitbull, parfois on retrouve un "Mais de quoi tu parles, bordel ?" lancé sauvagement à ta douce progéniture qui te regarde les yeux tout pétillants d'envie de savoir, alors que tu aurais pu juste dire "Précise ta pensée, mon amour, je ne vois pas tout à fait de quel univers il est question".
Voilà donc comment le manque de contexte peut tourner au drame et engendrer un traumatisme qui aurait pu être évité. 

Par conséquent, il est absolument primordial de préciser à tes gosses que le contexte a son importance et il faut aussi leur faire prendre conscience que la discussion entamée 3 jours plus tôt n'est pas forcément un sujet qui est resté ouvert dans ta tête, même si cela leur semble tout à fait inconcevable au vu de l'intérêt hautement ésotérique qu'il pouvait avoir.
Car très tôt, ils ont besoin de connaître quelques subtilités de notre anatomie humaine : ton cerveau est étonnamment circonscrit à ton crâne et ne se trouve donc pas être une extension du leur. Pour qu'ils comprennent bien ça et parce que la notion de télépathie est encore trop abstraite pour eux, tu peux leur faire faire un dessin qui illustrerait un mélange de siamois par le crâne, comme Elephant man avec plusieurs corps et paires de jambes, afin de leur montrer qu'on serait comme ça si on avait un même cerveau pour tous.
Avec un peu de chance et quelques cauchemars provoqués par le résultat dessiné, ils ne devraient ensuite plus jamais oublier de te préciser le contexte, l'heure, la date et même le numéro de série du truc dont ils oseront te parler.

Voilà ce que j'en dit, moi.
Après, tu fais ce que tu veux, hein...




1 commentaire:

  1. Non mais vraiment trop excellentissime !!!
    Au moment où j'allais me poser connement devant un film pas moins con histoire d'être sûr de le rester... :-P
    là je me dis, je fais un détour par chez pélo pour voir quand même... Et là quelle n'est pas ma surprise de me payer une fois de plus une tranche de franche rigolade !!! Non mais c'est CTORME.
    Je m'essuie la larme qui me coule au coin de l'oeil de m'être tant bidonné et finalement... je vais plutôt me coucher va...
    jno

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