Mon anniversaire

Je fêtai pour la première fois mon anniversaire avec des amis pour mes 18 ans...  

C'était 6 mois après, mais cela compta pourtant.

Les invitations ne pleuvaient pas non plus,

Dans cette enfance où j'étais superflue.

Les amis étaient rares.
Ils restaient peu dans mon radar.

Je ne "les gardais" pas très longtemps.

Par manque d'authenticité, probablement.

La vie était bizarre, un peu trop lente, un peu violente.

Je me cachais la plupart du temps derrière des paravents.

De moi, on ne savait que ce que je montrais, rarement qui j'étais.

Tellement certaine d'être à côté, une fille un peu ratée, je mentais.

Pourtant, quelques âmes s'arrêtaient, me souriaient, repartaient.
Repartaient.

Car tout gâcher, je préférais.

Avec les amies d'abords, les amoureux après.

Plus tard, en me rencontrant, parfois, je me trouvais quelqu'intérêt.

Mais encore faible, celui-ci vite se tarissait.

A travers l'autre, je le retrouvais, et petit à petit, il s’amplifiait.

Et doucement, je me voyais, me regardais...

Parfois, j'osais.

Vieillir, voilà ce qu'il me fallait.

Grâce à ça, je comprenais.

La vie m’interpellait, s'insinuait. 

Parfois même elle frappait.

Et grâce à elle, je grandissais.

Oh, non plus de cette taille qui s'était arrêtée à la fin de la puberté,
Mais de cette âme qui ne savait plus où elle était.

Elle était tellement paumée.

En l'approchant, je la reconnaissais.

C'est sûr, je l'avais déjà rencontrée, mais tellement vite oubliée.

Et petit à petit, je l'apprivoisais.

Et même si le temps, sur mes traits, se lisait, je sentais bien que j'embellissais.

Plus je l'aimais, plus je cheminais.

Mon corps s'alourdissait, les années se voyaient, mais je resplendissais.

Autour de moi, les amis se pressaient.

Et surtout, je m'aimais.

J'acquis la certitude d'un dernier anniversaire qui me verrait magnifique.

Et me voilà maintenant en ce jour fatidique. 

Me voilà mourante, heureuse d'avoir tant appris de la vie.

Me voilà partante, sereine, rayonnant à l'infini.
Me voilà souriante, superbe d'avoir tant aimé.

Entourée de ces amis, qu'autrefois j'avais cherchés.

Je m’éteins maintenant, soufflant mes dernières bougies.

A 90 ans, je vais vers une autre vie.