mercredi 12 août 2015

Wall-E





L'homme a-t-il un tel besoin de communiquer qu'il invente non plus des moyens de communication, mais des émetteurs ?

L'autre jour, au détour d'un petit déjeuner dominical qui s'éternisait, mon oreille fut attirée par ce qui se disait à la radio*. Cela traitait de la réussite de la conception d'un robot humanoïde d'1m40, et son "papa" venait parler de lui et de ses compétences.

A quoi est destiné ce robot ? A devenir le compagnon servile de l'homme, le domestique parfait, l'ange gardien de rêve.
Ce robot a des capacités étonnantes, dont celle de communiquer, répondre à des questions simples, limite être empathique. Une de ses destinations est de devenir le compagnon de personnes en état de dépendance (personnes âgées ou en situation de handicap...), et de les servir au quotidien (chercher des objets dans l'appartement, rappeler des rendez-vous ou encore suggérer à la personne d'appeler ses proches - ceux qu'il remplace, peut-être...). Cela dit, à l'instar de la télécommande initialement conçue pour des personnes étant dans l'incapacité de se déplacer, ce robot est destiné à être un jour à la disposition de tous...

A l'écouter, j'ai plongé dans un monde qui m'en a étrangement rappelé un autre...
Et là, paf ! Je me rappelle ! Wall-E !! Ca me rappelle Wall-E, ce gentil robot compacteur de déchets métalliques qui ramène l'humanité sur sa planète originelle !
Cela dit, en écoutant l'émission, ce qui me sautait aux oreilles n'était pas ce dénouement heureux de recolonisation de notre berceau natal, non, pas vraiement. La clochette tintait plutôt par rapport au début de l'histoire, celle qui pourrait bien être la fin de la nôtre...

Parce que voilà. Je suis loin d'être anti-progrès, la preuve, les nouvelles technologies font partie de ma vie, j'écris via un ordinateur, mon smartphone ne me quitte pas et j'adore courir avec mon Ipod... Et en même temps, je commence à flipper sur la tournure que prennent les choses depuis quelques années. Aujourd'hui, il est clair que l'homme est en train de se tirer une balle dans le pied.
Certes, on le sait depuis longtemps, mais là, ça devient presque Kafkaïen... On se retrouve désormais à inventer des substituts à des choses qui existent et qui, du coup, vont disparaître à cause de la mise en place dudit substitut... tu me suis ? Bon.

Donc, on invente des trucs qui t'assistent au quotidien, on automatise un max tous les objets qui t'entourent, et non seulement on te fait payer le coût du progrès, mais en plus, tu n'as plus la possibilité de les réparer s'ils tombent en panne : trop complexes. En gros, on te rend dépendant et consommateur.

Donc, en 2015, à l'heure où l'humanité croît à une vitesse vertigineuse, où le manque d'emplois fleurit à chaque coin d'ordinateur là où normalement chacun pourrait trouver sa place et son rôle, on préfère, au lieu d'aider à un développement dans ce sens, accueillir le robot qu'on appellera Marie-Philomène en souvenir à la tata éponyme qui s'occupait si bien de tout le monde, et on va se passer des services de ces personnes qui venaient si volontiers s'occuper de tonton Eustache qui n'a plus toute sa tête, ni toutes ses jambes. C'est à se marcher sur la tête...

Donc, le robot lui dira quel temps il fait, lui demandera comment il va, et lui rappellera qu'il faut appeler Robert, parce que ça fait bien 3 semaines qu'il n'a pas donné de nouvelles, ce fils indigne... Quelle ironie !
Mais de toute façon, Robert ne répondra pas parce qu'il sait son papounet entre de bonnes "mains", lui qui n'aspire qu'à son bonheur...

Et au nom du progrès, on communique par écrit quand on est à 20m de son interlocuteur et on se plaint du stress qu'engendrent trop de messages dans sa boîte mail, on prend l'ascenseur pour 1 étage et on se plaint de ne pas faire assez d'exercice, on s'en remet à internet pour résoudre tous ses problèmes de solitude sans sortir de chez soi, et on s'étonne de se sentir de plus en plus déprimé.

Au vu de l'inéluctabilité du truc, et donc, au nom du progrès, j'espère bien qu'un jour quelqu'un va développer un programme avec de l'amour à l'intérieur, parce qu'à force de ne plus s'en donner en vrai et en direct, l'humain va sécher comme une branche tombée au pied de son propre arbre, sciée par elle-même, et je suis certaine qu'on se demandera encore pourquoi.




*France Inter, si tu veux savoir, et c'était le 28/06 à 10h au cas où tu aimerais écouter l'émission en question

2 commentaires:

  1. De mon point de vue, le progrès a du sens s'il permet à l'humain d'alléger sa peine au travail et de passer plus de temps à autre chose. Il en manque s'il aliène (c'est pas le pote de Sigourney Weaver) les masses pour le profit toujours plus grand d'une minorité.Nous marchons nous pas sur la tête ?

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  2. Tellement de choses mettent en péril l'humanité... Wall-E, blade runner, Werber... ça fait réfléchir...
    Je crois pourtant en l'Humain. Tout doucement son âme s'élève...
    Mais punaise c'est pas gagné !
    jno

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